JECACHE MES YEUX \ \ \ \ \ \ \ \ \ \ je chache mes yeux je montre mes yeux je mets mes mains en l' air je cache mes yeux je montre mes yeux je mets mes Aller vers. Sections de cette Page. Aide accessibilitĂ© . Facebook. Adresse e-mail ou tĂ©lĂ©phone: Mot de passe: Informations de compte oubliĂ©es ? S’inscrire. Voir plus de contenu de â€ŽŰŁÙ†Ű§ŰŽÙŠŰŻ Ű§Ù„Ű·ÙÙˆÙ„Ű©â€Ž sur Facebook. Aureste comme vous vous baisez vous mĂȘmes, vous n'ĂȘtes pas si orgueilleuse que vous ne baisiez aussi quelque autre chose, vous baisez des joues et des mains, et bien souvent des yeux. LA BOUCHE. Vous ne dites pas que je prends plaisir sur toute chose Ă  baiser une bouche qui me ressemble, et que c'est lĂ  oĂč j'Ă©tablis mon souverain bien Jecache mes yeux, Je montre mes yeux, Je mets mes mains en l’air. Je cache mes yeux, Je montre mes yeux, Je mets mes mains derriĂšre le dos . sans dire un mot. Tule CACHES !" J'enlevais mes gants d'un grand geste de la main. "Tu veux que je le montre ? Je vais te tuer avec, et tu vas voir quel genre de monstre Jötun je suis exactement !" Doucement, ma peau virait au bleu, et mes yeux rouges. Elle reculait, se mettant derriĂšre Fandral, alors que mes poings devenaient violets. Merde ! Hey, men, you lose. Thanos apparaissait, attirĂ© par la Jet’aurais bien empruntĂ© tes lunettes jaunes en Ă©crivant ces lignes, pour cacher cette nostalgie qui accapare mes yeux en ce moment. Je suis un petit poisson Ă©motif, tu sais! Mais un poisson pas comme les autres. Comme a si bien dit Bouddha; « Accepte ce qui est, laisse aller ce qui Ă©tait et aie confiance en ce qu’il sera. DĂ©couvredes vidĂ©os courtes en rapport avec je cache mes yeux je montre mes yeux sur TikTok. Regarde du contenu populaire des crĂ©ateurs suivants : Vero411(@vero97411), MOUSTABOY 💎(@moustaboy17), NasssđŸ‘œ(@nass_6905), Dedelle 😉😘🙏 (@dedelle_64), mariemoreauabdouc(@mariemoreauabdouc), đŸ€ElynađŸ€(@el.yna8), Allison(@ Jecache mes yeux (comptine Ă  gestes avec paroles) Plus. Voir cette Épingle et d'autres images dans schĂ©mas corporel par Karine Bouchard. Comptine Geste. Comptine Et Jeux De Doigts. Musique Maternelle. Chansons Maternelle. IrS75N. Par la foi By Faith 1. La foi nous montre la main de Dieu agissant dans sa crĂ©ation merveilleuse et dans Sa fidĂ©litĂ© pour ceux qui vivent non par la vue, mais par la foi. 2. Nos pĂšres ont parcouru la terre dans la foi en sa puissance et ses promesses. Ils attendaient la sainte citĂ© de Dieu, rĂšgne de justice et de paix. Refrain Nous vivrons dans la puissance de sa promesse et nos yeux fixĂ©s sur Lui, notre couronne, jusqu’à la fin de la course et des travaux, non par la vue, mais par la foi. 3. Et les prophĂštes, par la foi, ont vu le jour oĂč viendrait le Messie, puissant pour briser les chaĂźnes du pĂ©chĂ©, surgissant vainqueur du tombeau. 4. Dans la puissance de l’Esprit, L’Eglise doit proclamer sur la terre Que tout captif est dĂ©livrĂ© par Dieu Bonne nouvelle, par la foi. 5. La foi dĂ©place nos montagnes. Pour ceux qui font appel Ă  JĂ©sus-Christ, La puissance de l’Evangile triomphera. Tout est possible Ă  celui qui croit. Paroles et musique Keith & Kristyn Getty & Stuart Townend Adaptation française Marc Varidel, Marc Dirlewanger, JoĂ«l Desy Ouvre mes yeux Open My Eyes 1. Les Ă©toiles me rĂ©vĂšlent ta majestĂ©. Dans les cieux je vois tes merveilles proclamĂ©es. J’entends ta gloire sur toute la terre, je cherche, je veux savoir qui tu es vraiment ! 2. Dans le ciel et la mer j’entends ta louange. Toute la crĂ©ation le crie ton nom est grand. J’entends ta louange sur toute la terre, je cherche, je veux savoir qui tu es vraiment ! Refrain Oui, ouvre mes yeux, oh Dieu. Ouvre mes yeux, qu’ils voient Tu es merveilleux, ton nom est si puissant. Par ta grĂące, je vis, par ta grĂące, je vois, car ma vie et mon salut sont en toi seul. 3. A nos cƓurs pĂ©cheurs, tu donnes la vie nouvelle. Par la croix, nous retrouvons ta lumiĂšre. Je le sais c’est ton amour qu’il me faut, je cherche, je veux savoir qui tu es vraiment ! Paroles et musique Reuben Morgan Adaptation française Marc Varidel, Marc Dirlewanger Briller 1. Tu vois mon orgueil, mon manque d’amour lorsque j’entends ta voix et que je reste sourd. Avec ma faible volontĂ©, je crois pouvoir y arriver, Mais je tombe dĂ©couragĂ© seul face Ă  mon pĂ©chĂ©. Refrain Je veux te laisser faire au travers de mes doigts, Te laisser aimer au travers de moi, Te laisser briller sur mon visage, Me laisser transformer Ă  ton image. Car ce qui m’est impossible, en toi est accessible. Je m’abandonne Ă  toi. Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. 2. Ma foi est bien petite, mais tu Ă©tendras mes limites. Alors je pourrai grandir les yeux fixĂ©s sur la croix. Je pourrais devenir ce que tu veux que je sois. Mon corps pourra s’épuiser Et mon cƓur dĂ©faillir, Je tomberai Ă  tes pieds, Te prier d’intervenir. Paroles et musique David Prigent Un homme nouveau Refrain Un homme transformĂ©, en plein coeur et pour toujours Un homme Ă©clairĂ© par la flamme de l’amour. Un homme au coeur de pierre, rendu tendre, obĂ©issant Un homme adoptĂ© par un Dieu au coeur de PĂšre. 1. Vivre pleinement cette vie, voilĂ  le cadeau de JĂ©sus Je vis dans son amour et son pardon, j’ai trouvĂ© la libertĂ©, Je vis dans son amour et son pardon, j’ai trouvĂ© la libertĂ©. 2. Vivre par JĂ©sus tous les jours, enlever le mal de mon coeur Laisser agir en moi le Saint-Esprit, par lui je serai vainqueur, Laisser agir en moi le Saint-Esprit, par lui je serai vainqueur. 3. Vivre dans l’amour et la joie, porter la lumiĂšre Ă  tout homme Ma vie entiĂšre est toute offerte Ă  Dieu, et je vis pour le servir, Ma vie entiĂšre est toute offerte Ă  Dieu, et je vis pour le servir. Paroles Marc Varidel et FrĂ©dĂ©rique Jaccard Musique Sylvain Jaccard Car Dieu a tant aimĂ© le monde For God So Loved The World Car Dieu a tant aimĂ© le monde Qu’il a donnĂ© son Fils unique Pour que tous ceux qui croient en Lui Ne soient pas perdus, Mais vivent Ă©ternellement ! Car Dieu n’a pas envoyĂ© JĂ©sus son Fils pour juger le monde, Mais pour sauver le monde par Lui. Il est mort pour laver nos pĂ©chĂ©s. Paroles et musique Tore W. Aas d’aprĂšs La Bible, Jean 316 Adaptation française Marc Varidel EsaĂŻe 53 1. Certainement tu as portĂ© nos maladies et tu t’es chargĂ© de nos douleurs, alors que nous pensions que Dieu t’avait puni, frappĂ©, humiliĂ©, abandonnĂ©. Mais c’est pour nos pĂ©chĂ©s que tu as Ă©tĂ© percĂ©, c’est pour nos fautes que tu as Ă©tĂ© brisĂ©. 2. Le chĂątiment qui nous donne la paix est retombĂ© sur toi, Seigneur JĂ©sus, et c’est par tes blessures que nous sommes guĂ©ris, Seigneur, nous voulons te dire merci, car c’est pour nos pĂ©chĂ©s que tu as Ă©tĂ© percĂ©, c’est pour nos fautes que tu as Ă©tĂ© brisĂ©. Paroles La Bible, EsaĂŻe 53 Musique Sylvain Jaccard Homme de douleur Homme de douleur, habituĂ© Ă  la souffrance, mĂ©prisĂ©, abandonnĂ©, tu as dĂ©versĂ© ton amour immense en mourant pour nos pĂ©chĂ©s. Oh, je mĂ©ritais la mort et c’est toi qui as payĂ© ; je m’incline et je t’adore en esprit et en vĂ©ritĂ©. Un si grand amour, je ne l’ai pas mĂ©ritĂ©. Tu me demandes simplement de l’accepter. Tu me demandes simplement de l’accepter. Paroles et musique Fabien Debenest JĂ©sus est le chemin JĂ©sus est le Chemin, Il est la VĂ©ritĂ©, JĂ©sus est la Vie Et il m’a sauvĂ©. Il n’y a qu’un seul chemin de vĂ©ritĂ© qui nous conduit Ă  Dieu. Un seul chemin, chemin de vie, un seul chemin pour ĂȘtre sauvĂ©. Paroles et musique D. Hurtel d’aprĂšs La Bible, Jean 146 et Actes 412 Ma valeur My Worth Is Not In What I Own 1. Ma valeur n’est pas dans mes biens, Ni dans mes forces ou ma santĂ©, Mais dans l’amour du prix payĂ© À la croix. 2. Ma valeur n’est pas dans mes dons, Dans mes succĂšs ou ma fiertĂ©, Mais dans le sang versĂ©, JĂ©sus, À la croix. Refrain Ma plus grande joie, c’est JĂ©sus, Mon trĂ©sor et source pour mon cƓur. Ma confiance, ma plĂ©nitude, En JĂ©sus seul se trouve mon bonheur. 3. Comme les fleurs, nous pĂ©rissons ; BeautĂ©, jeunesse ne tiennent pas. Mais la vie Ă©ternelle m’attend À la croix. 4. Pas de fiertĂ© dans la puissance, Ni dans la sagesse Ă©phĂ©mĂšre, Mais je connais JĂ©sus le Christ À la croix. 5. Ma valeur et ma petitesse Double mystĂšre, je le confesse. Mon prix se trouve dans mon rachat À la croix. Paroles et musique Keith Getty, Kristyn Getty & Graham Kendrick Adaptation française Marc Varidel Rendu libre The Day You Set Me Free Refrain JĂ©sus, toi le seul chemin, JĂ©sus mon Sauveur, Partout oĂč je vais, je ne crains rien, car tu marches avec moi. Je dis merci. Tu prends soin de moi, JĂ©sus, mon berger, Tu tiens toutes tes promesses depuis le jour oĂč tu m’as libĂ©rĂ©. 1. JĂ©sus, toi ma raison de vivre, Depuis que tu fais partie de ma vie, Tout a changĂ©, le monde me paraĂźt diffĂ©rent ; Oui, tu Ă©claires mes nuits sombres, ma solitude, Tu me donnes la paix. Oh, les temps changent, mais ce sera pour mon bien. 2. MaĂźtre, toi la source de ma vie, Ta lumiĂšre me guide dans la nuit. J’ne suis pas seul, plus rien ne pourra m’angoisser. Oh, que ta volontĂ© soit faite, oui, je veux te servir d’un cƓur vraiment pur. Oh, les temps changent, mais j’ai confiance en toi. Paroles et musique Tore W. Aas Adaptation française Marc Varidel Ton amour Your love 1. Seigneur tu me connais au plus profond Aucune pensĂ©e ne t’est cachĂ©e. Tu sais oĂč je suis, tout ce que je fais, Jamais tu ne dors ! Avant que je ne parle, tu sais tout. Tu vois oĂč je vais, ce que je cherche. Tu sais si je pleure ou si je ris, Jamais tu ne dors ! Refrain Si je fuis, tu me suis de ton amour, .Je ne peux vivre sans ton amour Seigneur, je ne crains rien, je sais que tu me tiens, Tu veilles sur ma vie. Dans l’espace et la nuit, si je fuis, Sous la mer, sous la terre, si je me perds, Nul endroit ne me cache, tu retrouves ma trace, Partout tu me vois. 2. Seigneur quand je m’assieds, quand je me lĂšve, Ta main m’accompagne et me conduit. DerriĂšre et devant, j’ai ton Esprit, Jamais tu ne dors ! Avant mon premier jour, tu me voyais, Chacun de mes jours, tu les connais, Et quoi qu’il arrive, je sais, tu es lĂ , Jamais tu ne dors ! Refrain Pont Eternel Dieu, tu m’environnes, ! Autour de moi, toujours prĂ©sent. À mes cĂŽtĂ©s, Eternel Dieu ! Jamais ton amour ne dort ! Refrain Paroles Jan Groth d’aprĂšs la Bible, Psaume 139 Musique Tore W. Aas Adaptation française Marc Varidel MajestĂ© Majesty 1. Me voici, confondu par ta majestĂ©, couvert par ta grĂące illimitĂ©e. Me voici, conscient du poids de mes fautes, couvert par le sang de l’Agneau. Refrain Car je sais l’amour le plus grand m’est donnĂ©, tu as offert ta vie, le plus grand sacrifice. MajestĂ©, majestĂ©, ta grĂące m’a trouvĂ© tel que je suis, je n’ai rien Ă  moi, mais en toi je vis. MajestĂ©, majestĂ©, par ton amour je suis transformĂ©, en prĂ©sence de ta majestĂ©. 2. Me voici, confondu par ton amour, pardonnĂ©, je pardonne en retour. Me voici, conscient d’ĂȘtre ton plaisir, sanctifiĂ© par le feu de ta gloire. Paroles et musique Stuart Garrard & Martin Smith YahwĂ© 1. L’Éternel est mon berger, de rien je ne manquerai. Ô mon Ăąme, chante mon Ăąme. Pas Ă  pas, il me conduit, au bord des eaux calmes, je le suis. Ô mon Ăąme, chante mon Ăąme. Refrain Oui, toujours le bonheur et la grĂące m’accompagneront devant sa face. Dans sa prĂ©sence, tellement de joies, tellement de joies. Et tant qu’il se trouve auprĂšs de moi, aucun mal, mon Ăąme, tu ne craindras Et dans son temple, je reviendrai, je reviendrai. 2. Et si je traverse encore la vallĂ©e de l’ombre de la mort, Ô mon Ăąme, chante mon Ăąme. Puisqu’il m’aime le premier, non, rien ne pourra me sĂ©parer, de son amour, de son amour. Refrain YahvĂ©, YahvĂ©, tu fais briller sur moi ton soleil. YahvĂ©, YahvĂ©, ta lumiĂšre chasse au loin les tĂ©nĂšbres. YahvĂ©, YahvĂ©, ta parole Ă©claire mon sentier. YahvĂ©, YahvĂ©, YahvĂ©. Refrain 3. BientĂŽt, il viendra me chercher et dans sa maison j’habiterai. Ô mon Ăąme, chante mon Ăąme. Sans cesse jusqu’à son retour, mon Ăąme, chante son amour, tous les jours, tous les jours. Refrain Paroles et musique Samuel Olivier d’aprĂšs le Psaume 23 Une seule Église 1. Issus du mĂȘme CrĂ©ateur, Le mĂȘme souffle nous a donnĂ© la vie. Tous aussi perdus, tous aussi pĂ©cheurs, Nous avons eu la chance qu’il nous attire Ă  lui. Il nous a trouvĂ©s si prĂ©cieux Qu’il a choisi de quitter les cieux, MalgrĂ© sa colĂšre, notre rĂ©bellion, Il est venu payer la rançon. Refrain Nous n’avons qu’un seul PĂšre, Nous n’avons qu’un Sauveur Qui pour nous s’est offert Quand nous Ă©tions indignes et pĂ©cheurs. Nous n’avons qu’un seul Roi, Nous n’avons qu’une seule foi Au pied de la croix se brise ce qui nous divise Nous sommes une seule Église. 2. Un nouveau jour se lĂšve Pour ceux qui se revĂȘtent de l’Esprit. Et nous n’aurons qu’un seul rĂȘve Que cette nation connaisse le nom de JĂ©sus-Christ. Louons Dieu pour nos diffĂ©rences, Abandonnons les mĂ©disances. Que l’oeuvre du diable soit mise en lumiĂšre, Que le PĂšre fasse tomber nos barriĂšres. 3. Les Ă©lus de tous les temps, Avec les anges et nous ici prĂ©sent, Passeront l’éternitĂ© ensemble Ă  l’adorer. Alors dĂšs maintenant, vivons dans l’unitĂ©. On verra que nous sommes ses disciples À l’amour qui nous unira. Nous n’aurons qu’un seul but Ă©lever JĂ©sus Et que son salut soit rĂ©pandu. Paroles et musique David Prigent Mon espĂ©rance There Is A Hope 1. Cette espĂ©rance est un feu dans mon cƓur, Me donne force pour chaque jour qui passe. Oui, j’entrevois la gloire encore obscurĂ©ment mais mon doute est ĂŽtĂ© En Lui debout et pardonnĂ©, c’est Christ en moi, l’espoir du ciel. Ta volontĂ©, c’est ma joie, c’est mon but j’y suis Ă  la maison. 2. Cette espĂ©rance porte mon esprit lourd Et me console au fond du dĂ©sespoir. Et mĂȘme si le monde me met dans un puits, j’y trouve mon Sauveur ! Epreuves ici et crainte lĂ , Ă  mon oreille il dit Courage !». Dans ses bras Ă©ternels je me sens sĂ»r, conduit vers ma maison. 3. Cette espĂ©rance tient l’épreuve du temps, Porte mes yeux plus loin que le tombeau, Vers la beautĂ© sans Ă©gale de ce jour divin je verrai son visage ! Fin des Ă©preuves et des tristesses, mes vrais dĂ©sirs seront comblĂ©s inondĂ© de joie qu’on ne peut dĂ©crire, j’atteindrai la maison. Paroles et musique Stuart Townend & Mark Edwards Adaptation française Marc Varidel Par ta grĂące Par ta grĂące, sans rien Ă  moi, Par ta grĂące, je viens devant toi, Par ta grĂące, tu me reçois tel que je suis, par ta grĂące. Je ne suis pas digne de m’approcher de toi, Je ne suis pas digne de ton amour, Pourtant tu m’as aimĂ© Et dans tes bras je reçois ton pardon, ta dignitĂ©, Par ta grĂące, Par ta grĂące. Paroles et musique Philippe Decourroux Ce ne sont pas tant les condamnations lĂ©gitimes des abus sexuels et littĂ©raires de Gabriel Matzneff que les diffĂ©rents mĂ©canismes et stratĂ©gies de domination - dĂ©noncĂ©s dans cet ouvrage -, desquels dĂ©coulent ces abus eux-mĂȘmes, qui nous permettront d’étendre nos rĂ©flexions et questionnements sur la notion de consentement et, plus gĂ©nĂ©ralement, sur les effets littĂ©raires, moraux et politiques d’une telle publication. En outre, il nous importe, Ă  l’instar d’HĂ©lĂšne Merlin-Kajman, de JĂ©rĂŽme David ou des auteurs de l’article Lire Matzneff », moins de traiter l’affaire en tant que telle, que de nous focaliser sur les oeuvres, La prunelle de mes yeux 1 et Le Consentement 2, desquelles nous partirons pour tenter d’éclaircir ce que l’on pourrait attendre aujourd’hui de la littĂ©rature. Cette affaire montre d’une part que la littĂ©rature peut ĂȘtre le lieu d’abus, oĂč l’emprise et la dĂ©possession de soi sont intimement liĂ©es Ă  l’indistinction assumĂ©e entre le rĂ©cit littĂ©raire et la rĂ©alitĂ©, et d’autre part qu’elle permet d’instituer un point de vue jusque-lĂ  marginalisĂ©, voire parfois refusĂ©, tout en Ă©tant le siĂšge d’une reconstruction progressive du sujet capable d’agir littĂ©rairement sur le rĂ©el. Confronter deux oeuvres Ă  caractĂšre autobiographique, journal intime pour le premier, roman autobiographique pour l’autre, ne permet pas seulement de rĂ©ajuster le regard sur une relation amoureuse instrumentalisĂ©e et figĂ©e dans les livres ou les interventions tĂ©lĂ©visĂ©es d’un pĂ©docriminel, mais aussi d’évaluer les effets littĂ©raires » de deux textes qui reprĂ©sentent le rĂ©el selon des modalitĂ©s diffĂ©rentes. La reprĂ©sentation des faits Ă©noncĂ©s et exposĂ©s dans le journal intime de Matzneff, au nom de leur vĂ©ritĂ© rĂ©fĂ©rentielle, et de leur sacro-sainte vĂ©ritĂ© », s’effectue Ă  travers un ethos aristocratique, misogyne et dominateur - faisant fi de cette zone de partage essentielle de la littĂ©rature -, afin de promouvoir une Ă©criture » et de dĂ©fendre littĂ©ralement la sincĂ©ritĂ© des amours transgressifs qu’il partagent avec son galop d’enfer ». Le Consentement ajoute et rĂ©ajuste avec finesse les Ă©lĂ©ments essentiels, voire existentiels, niĂ©s par les oeuvres de Matzneff. L’importance de cette publication ne se mesure pas seulement au retentissement mĂ©diatique qu’elle a pu engendrer. La littĂ©rature trouve ici la possibilitĂ© de faire en lieu et place du droit ce que la prescription des faits ne lui permet prĂ©cisĂ©ment pas de rĂ©parer. Écrire c’[est Ă  la fois] redevenir le sujet de [sa] propre histoire » LC et intervenir littĂ©rairement sur le rĂ©el pour prendre le prĂ©dateur Ă  son propre piĂšge, rendre visible l’illisible, l’inacceptable et le condamnable, tout en constituant les prĂ©misses d’un nous » dans lequel une certaine communautĂ© de lecteurs pourrait s’identifier. Gabriel Matzneff - Vanessa Springora À l’instar de Pierre Verdrager, auteur de l’ouvrage L’enfant interdit comment la pĂ©dophilie est devenue scandaleuse 3, il convient de rappeler que Gabriel Matzneff a profitĂ© et participĂ© d’une dĂ©fense de la pĂ©dophilie, courante au dĂ©but des annĂ©es soixante-dix et quatre-vingt, qui se rĂ©sume par les tentatives de collectivisation de cette cause par diffĂ©rents mouvements pĂ©dophiles. La libĂ©ration des corps, les apports de la psychanalyse, qui a permis de traiter l’enfant comme sujet susceptible d’éprouver ses propres dĂ©sirs, ont pu ĂȘtre mis au service de discours promouvant la sexualitĂ© entre adultes et enfants » 4. Il s’agissait effectivement de redĂ©finir la place de l’enfant dans cette relation », notamment Ă  travers une sĂ©rie de publications visant Ă  lĂ©gitimer et Ă  faire admettre le caractĂšre politique de leur combat » , et donc Ă  rĂ©soudre la vision inĂ©galitaire de cette relation en faisant reposer leur argumentation sur une exigence de symĂ©trie visant Ă  combler l’écart entre l’enfant et l’adulte ». Si ce dernier argument pouvait ĂȘtre aperçu dans certains discours ou certaines revendications d’une infime fraction de l’extrĂȘme gauche post-soixante-huitarde, il l’était aussi du cĂŽtĂ© de l’extrĂȘme droite qu’en vertu de l’apport pĂ©dagogique que pouvait apporter un adulte envers l’enfant dĂ©sirĂ© le bien-ĂȘtre de l’enfant dĂ©pendrait alors de sa capacitĂ© Ă  apprendre de son pĂ©dophile » 5. De plus, la pĂ©dophilie a pu ĂȘtre dĂ©fendu au nom du combat contre le politiquement correct », et donc pour le non-conformisme », et au nom de la valorisation de la radicalitĂ© et de la singularitĂ©. Aussi, l’euphĂ©misme construisait une majeure partie des discours propĂ©dophiles, emplis de vives critiques envers les mĂ©dias - vecteur de leur diabolisation - pour justifier leur statut de victimes ». En effet, le rejet de la pĂ©dophilie s’expliquerait non pas parce qu’elle serait intrinsĂšquement mauvaise, mais parce qu’elle ferait l’objet d’un rejet inadĂ©quat ». Ainsi, ce qui traumatise les enfants, ce ne sont pas les actes et les relations eux-mĂȘmes, mais l’attitude nĂ©gative et l’hostilitĂ© de la sociĂ©tĂ© au sujet de la pĂ©dophilie. Sa condamnation serait donc issue d’une mauvaise connaissance des relations de l’adulte avec l’enfant. Nous serions Ă©pris de fausses croyances concernant la pĂ©dophilie le pĂ©dophile est vu comme un monstre et l’enfant considĂ©rĂ© comme un ĂȘtre pur et fragile. Ce rejet de la pĂ©dophilie, en partie vĂ©hiculĂ©e par une presse, selon ses dĂ©fenseurs, assujettie aux manipulations de ses opposants un peu trop moralistes, relĂšverait Ă©galement du pathologique. En somme, les propĂ©dophiles considĂšrent la conception de la pĂ©dophilie de leurs opposants comme n’est pas nous, affirmĂšrent-ils, qui sommes malades, mais bien la sociĂ©tĂ© qui, Ă©tant victime de son imaginaire » et de son amour des mythes », est gangrenĂ©e par une Ă©pidĂ©mie d’ hystĂ©rie » qui conduit Ă  la chasse » au pĂ©dophile. 6À notre connaissance, Gabriel Matzneff n’a pas Ă©tĂ© engagĂ© politiquement », mais littĂ©rairement pour dĂ©fendre la cause pĂ©dophile. Il nous semble important de rappeler ces quelques points de contexte dans la mesure oĂč ceux-ci sont explicitement dĂ©fendus par l’auteur Ă  travers ses oeuvres, et notamment dans le journal » que nous Ă©tudierons. Aussi, il est indispensable de rappeler qu’il n’est pas le seul Ă  avoir eu recours Ă  cette rhĂ©torique pro-pĂ©dophile, et donc que la posture singuliĂšre » qu’il revendique est dans cette optique paradoxalement mise Ă  mal, mais, contrairement Ă  l’échec de ces diffĂ©rents mouvements, dont les propos et les actes ont Ă©tĂ© et sont condamnĂ©s par la justice, Gabriel Matzneff n’a pas Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ© par cette derniĂšre avant la publication du Consentement de Vanessa Springora. Il faut croire que l’artiste appartient Ă  une caste Ă  part, qu’il est un ĂȘtre aux vertus supĂ©rieures auquel nous offrons un mandat de toute-puissance, sans autre contrepartie que la production d’une oeuvre originale et subversive, une sorte d’aristocrate dĂ©tenteur de privilĂšges exceptionnels devant lequel notre jugement, dans un Ă©tat de sidĂ©ration aveugle, doit s’effacer. [
] La littĂ©rature excuse-t-elle tout ? LC, 103-104 Aujourd’hui, l’argument de la littĂ©rature comme moyen de protection et de lĂ©gitimation de telles affirmations ou revendications n’a plus les mĂȘmes effets qu’auparavant. HĂ©lĂšne Merlin-Kajman soutient dans son dernier ouvrage, La littĂ©rature Ă  l’heure de Metoo 7, que la littĂ©rature ne se tient pas au-delĂ  du bien et du mal, et qu’un texte ne doit pas Ă©chapper Ă  une lecture politique ou morale contemporaine ». Pourquoi et comment la complaisance ou l’indiffĂ©rence ont-elles pu toucher autant de lecteurs des oeuvres de Gabriel Matzneff, notamment quand les abus » relatĂ©s dans ses journaux Ă©taient plus qu’assumĂ©s ? Au-delĂ  de la subversion et de la transgression de ses oeuvres, lĂ©gitimĂ©es et revendiquĂ©es par l’auteur lui-mĂȘme - jusqu’à concevoir le rejet de la pĂ©dophilie par la sociĂ©tĂ© comme le signe de sa pleine pertinence » 8 -, de sa singularitĂ© et de sa marginalitĂ© - au point qu’il pouvait se positionner comme un poĂšte maudit » ou se percevoir comme un homme avec une Ă©toile jaune morale » LPY, 30 -, Gabriel Matzneff Ă©tait aussi beaucoup dĂ©fendu pour son style littĂ©raire. Depuis la publication du Consentement de Vanessa Springora, l’accĂšs aux ouvrages de ce dernier est devenu difficile, voire parfois impossible. Cependant, la lecture de La prunelle de mes yeux nous suffit Ă  partager plusieurs analyses stylistiques des livres de Matzneff faites par les auteurs de l’article Lire Matzneff », paru dans la revue lundimatin [L]ire Matzneff est Ă©clairant, car la platitude de son style et ses idĂ©es fixes, la rĂ©pĂ©tition circulaire d’un dĂ©sir inchangĂ©, la fascination pour l’extrĂȘme jeunesse et le refus de l’écoulement du temps rendent ce dĂ©sir inchangĂ© absolument transparent et permettent de le cerner en partie. Surtout, lire Matzneff autorise Ă  mieux comprendre l’ affaire Matzneff ». » Leurs arguments et analyses, repris par HĂ©lĂšne Merlin-Kajman, concernant le style matznĂ©vien » - comme l’auteur en question aime Ă  le dĂ©signer - visent Ă  dĂ©voiler un verbiage ampoulĂ© », mĂ©langeant aussi bien du vieil argot » et des tournures dĂ©suĂštes » que des mots ordinaires » et vulgaires, prĂ©tendument usitĂ©s pour ĂȘtre au plus proche de sa pensĂ©e, de l’instant prĂ©sent et donc du rĂ©el. À cet Ă©gard, les stratĂ©gies et les effets de styles pour que le lecteur croie et adhĂšre Ă  ce qui est Ă©crit sont nombreux l’exposition prĂ©cise et crue de ses relations sexuelles - "[
] pour la premiĂšre fois depuis prĂšs d’un mois, elle m’a fait exploser dans sa bouche. Le jet Ă©tait si impĂ©tueux qu’elle [Vanessa] n’a pas pu tout avaler et que mon sperme a inondĂ© ma poitrine, poissĂ© ses cheveux blonds [
]" LPY, 245 - ; les formules rĂ©pĂ©titives Ă  travers lesquelles il expose le caractĂšre exceptionnel de sa relation avec Vanessa » - je vis avec elle des moments d’extase, d’exaltation, de bonheur comme j’ai le sentiment de n’en avoir jamais vĂ©cu » LPY, 100 - ; la liste et la notation excessives des noms propres, qui lui permettent d’énumĂ©rer ses amis et ses soutiens - dont le plus Ă©minent est selon lui, François Mitterand - ainsi que les adolescentes avec lesquelles il a eu des relations amicales ou sexuelles ; l’invective, les insultes et la provocation, Ă  travers lesquels il tĂ©moigne ses goĂ»ts et ses dĂ©goĂ»ts, autant destinĂ©s Ă  sĂ©duire des lecteurs qu’à en Ă©carter d’autres en les choquant » 9 - avec Pascale R. en lui apprenant, hier matin l’existence de Vanessa dans ma vie , avec Marie AgnĂšs hier aprĂšs-midi, au tĂ©lĂ©phone , avec les autres, j’ai Ă©tĂ© aussi gentil que possible, mais cette gentillesse, c’est que je les baise, et si je ne les baise plus, elles deviennent folles. Un homme peut bien raconter des salades Ă  une femme qui l’aime s’il ne lui met pas la bite au cul, il perd son temps » LPY, 74 ; la citation, l’autocitation et les rĂ©fĂ©rences littĂ©raires et historiques pour lĂ©gitimer ses pratiques pĂ©dophiles ou la qualitĂ© littĂ©raire de ses Ă©crits - [
] j’ai profitĂ© de cette insomnie pour relire La Caracole. C’est vraiment Ă©patant, et parfois extraordinaire de luciditĂ© prĂ©monitoire » LPY, 29 - ; l’insertion de certaines lettres de ses jeunes amoureuses » - dont on ne sait pas dans quelles conditions elles ont Ă©tĂ© Ă©crites - pour convaincre le lecteur de la vĂ©racitĂ© des sentiments qu’éprouvent les adolescentes Ă  son Ă©gard et lĂ©gitimer les pratiques ainsi que les actes sexuels dĂ©crits dans ses ouvrages - nous y reviendrons. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la forme et le fond de son journal La prunelle de mes yeux ne cessent de se rĂ©pĂ©ter ; tout se ressemble et tout converge vers cette volontĂ© Ă©gotique d’exposer le rĂ©el selon son unique point de vue. Il ne cesse par exemple d’insister sur l’amour divin » et le dĂ©sir qu’avaient ou qu’ont ses jeunes amantes pour lui - auxquelles il fait l’honneur d’ĂȘtre le grand initiateur intellectuel, spirituel et sexuel LPY, 29 - ou d’incriminer la sociĂ©tĂ© bien pensante » qui rejette l’art transgressif » qui alimente sa singularitĂ© citoyenne et littĂ©raire. Comme le souligne trĂšs justement l’article Lire Matzneff », de cette redondance stylistique surgit une transparence qui permet de comprendre les ressorts intimes de son dĂ©sir », de dresser un portrait psychologique et littĂ©raire » de l’auteur, mais surtout de mettre Ă  jour un rapport de pouvoir » trĂšs spĂ©cifique. Bien que Gabriel Matzneff jouait parfois avec le rĂ©el et la fiction 10, il n’a cessĂ© de revendiquer que, d’une maniĂšre ou d’une autre, tout Ă©tait vrai. Son style d’écriture est intimement liĂ© Ă  son style d’existence J’ai donc franchi ce cap terrible de mon demi-siĂšcle de façon trĂšs matznĂ©vienne, de la seule maniĂšre qui fĂ»t digne de moi dans les bras de ma ravissante et folle d’amour amante de quatorze ans, avec laquelle je n’ai quasiment pas quittĂ© mon lit [
]. » LPY, 106 Comment a-t-on pu dĂ©fendre ce qui nous parait aujourd’hui indĂ©fendable ? Comment ignorer la manipulation d’une jeune fille, devant se sentir libĂ©rĂ©e par le dĂ©sir de l’adulte », et la manipulation du lecteur, qui fixe son regard sur la supposĂ©e douceur de l’adulte et le consentement de l’enfant » 11 ? La question de l’emprise se dĂ©place vers celle de la façon dont la littĂ©rature, au-delĂ  du vrai et du faux, se noue Ă  la rĂ©alitĂ©. L’oeuvre de Matzneff crĂ©e les conditions d’une irresponsabilitĂ© du lecteur » 12, Ă  savoir qu’ils pouvaient malgrĂ© tout espĂ©rer que tout ne soit pas vrai croire en l’illusion rĂ©fĂ©rentielle ou ne pas prendre au sĂ©rieux ce qui est prĂ©sentĂ© , alors mĂȘme que l’écrivain se vantait dans son journal de rabattre des adolescentes grĂące Ă  sa notoriĂ©tĂ©, des adolescentes qui lui serviraient de matiĂšre pour les ouvrages suivants » 13. Il nous faut dĂ©sormais confronter le journal intime de Matzneff, La prunelle de mes yeux, et le roman autobiographique de Vanessa Springora, Le Consentement, afin de comprendre plus encore les dynamiques de pouvoir et de prĂ©dation qui ont Ă©tĂ© mises en place par l’écrivain dans cette relation - pouvant ĂȘtre vue comme un exemple - et de montrer les zones d’ombre du consentement totalement inoculĂ©es par Matzneff. Le consentement - Vanessa Springora La publication de Vanessa Springora a ceci d’important qu’elle permet de complĂ©ter, de rectifier, voire de dĂ©noncer une certaine lecture des oeuvres de Gabriel Matzneff - prĂ©cisĂ©ment celle que ce dernier nous incite Ă  avoir. Confronter deux oeuvres autobiographiques portant sur une pĂ©riode commune de la vie de ses deux auteurs, puisqu’elles relatent toutes deux leur relation selon des points de vue diamĂ©tralement opposĂ©s, nous offre ici la possibilitĂ© d’identifier les rapports de domination d’un auteur de cinquante ans usant de ses relatifs aura et pouvoir littĂ©raires pour asseoir ses dĂ©sirs sur ceux d’une adolescente de quatorze ans, peu enclin Ă  percevoir leurs inadĂ©quations, et peu Ă  peu ancrĂ© dans une dĂ©possession totale, matĂ©rialisĂ©e par son enfermement dans un personnage de toute la bonne volontĂ© du monde, un adulte reste un adulte. Et son dĂ©sir un piĂšge dans lequel il ne peut qu’enfermer l’adolescent. Comment l’un et l’autre pourraient-ils ĂȘtre au mĂȘme niveau de connaissance de leurs corps, de leurs dĂ©sirs ? De plus, un adolescent vulnĂ©rable recherchera toujours l’amour avant sa satisfaction sexuelle. Et en Ă©change des marques d’affection ou de la somme d’argent qui manque Ă  sa famille auxquelles il aspire, il acceptera de devenir un objet de plaisir, renonçant ainsi pour longtemps Ă  ĂȘtre sujet, acteur, et maĂźtre de sa sexualitĂ©. LC, 164 Toutes les conditions [Ă©taient] [
] rĂ©unies » pour que V.» se transforme en proie » un pĂšre aux abonnĂ©s absents qui a laissĂ© dans [son] existence un vide insondable. Un goĂ»t prononcĂ© pour la lecture. Une certaine prĂ©cocitĂ© sexuelle. Et, surtout, un immense besoin d’ĂȘtre regardĂ©e » LC, 35. Comme le dĂ©crit trĂšs bien Vanessa Springora elle-mĂȘme, Matzneff n’a d’autres objectifs que celui de la conquĂȘte » 14 et de la satisfaction de ses dĂ©sirs et de leur transposition dans un de ses livres. » LC, 146 DĂšs le dĂ©part, l’adolescente de quatorze ans n’envisage pas leur premiĂšre rencontre au mĂȘme titre que l’écrivain de cinquante ans. Je rĂȘvasse au privilĂšge d’avoir rencontrĂ© un homme de lettres si talentueux [
] et peu Ă  peu, je me transforme. [
] Comment ne pas se sentir flattĂ©e qu’un homme, qui plus est un homme de lettres », ait daignĂ© poser les yeux sur moi. » LC, 44 Pour elle, cet Ă©tat de rĂȘverie s’accompagne d’une forme de libĂ©ration et de fascination euphoriques qui rĂ©pond aux dĂ©sirs et aux besoins d’une adolescente de quatorze ans, dont les livres [lui] tiennent lieu de frĂšres et soeurs, de compagnons de route, de tuteurs et d’amis. » Pour Gabriel Matzneff, cette premiĂšre rencontre est avant tout l’occasion de conquĂ©rir une nouvelle proie » peut-ĂȘtre irai-je guetter Vanessa sur le chemin de son Ă©cole[
]. » LPY, 18 - ou encore, une fois de plus, je me suis levĂ© dĂšs potron-minet et je guette Vanessa en tĂąchant d’avoir l’air le moins satyre possible. » LPY, 23 Une stratĂ©gie est donc mise en place pour traquer l’adolescente, sans lui en dĂ©voiler les rouages et les motivations premiĂšres - toutefois trĂšs claires dans son journal [
] je n’ai envie que d’une chose, tomber sur Vanessa, la convaincre de venir chez moi, pouvoir enfin, Ă  l’abri des regards, dĂ©vorer son visage de baisers [
]. » LPY, 25 En parallĂšle, l’écrivain lui Ă©crit des lettres jusqu’à deux fois par jour », auxquelles elle n’ose tout d’abord pas rĂ©pondre LC, 45. Cependant, lorsqu’elle mord Ă  l’hameçon », ce dernier n’hĂ©site pas Ă  en faire paraitre quelques extraits dans ses cahiers noirs » - son futur journal, La prunelle de mes yeux -, sĂ©lectionnĂ©s pour figer l’accord que semble donner Vanessa » Ă  ses avances, tout en dĂ©voilant un apparent dĂ©sir commun recevoir des baisers l’un de l’autre. Or, lĂ  encore, il y a une diffĂ©rence, voire une confusion des langues ». Reprenant une thĂ©orie du psychanalyste SĂĄndor Ferenczi, HĂ©lĂšne Merlin-Kajman nous expose l’idĂ©e selon laquelle l’abus sexuel provient d’une confusion dans l’interprĂ©tation que l’adulte sĂ©ducteur fait du langage de la tendresse » de l’enfant [
] L’adulte abuseur, qui, comme adulte, devait respecter cette diffĂ©rence, ne l’entend pas » 15. Dans Le Consentement, Vanessa Springora ne nie pas avoir eu du dĂ©sir, et reconnait mĂȘme qu’il pourrait exister un amour vĂ©ritable entre un adulte et une adolescente - selon certaines conditions -, mais qu’il ne peut pas se confondre avec celui de Gabriel Matzneff qui relevait [
] d’une forme d’addiction incontrĂŽlable » LC, 130. En rĂ©alitĂ©, le journal de Matzneff nous montre bien que le prĂ©tendu amour » qu’il porte Ă  Vanessa » cache un dĂ©sir pervers et Ă©goĂŻste d’assouvir ses fantasmes - si j’ai supportĂ© Francesca, si je supporte Vanessa, c’est Ă  cause de leur trĂšs jeune Ăąge, de leur grande beautĂ© et du plaisir que celle-lĂ  me donnait, que celle-ci me donne au lit » LPY, 277 - d’alimenter son journal et ses romans - je n’ai ni humainement ni littĂ©rairement besoin d’une nouvelle Angiolina-Diabolina [ Matzneff associe ici Vanessa » Ă  Francesca », une de ses anciennes amantes ]» LPY, 249 ; autrement dit, il a besoin d’une adolescente qui correspond Ă  ses dĂ©sirs pour ĂȘtre littĂ©rairement actif - et d’afficher librement sa transgressivitĂ© et sa singularitĂ© - j’ai dĂ©vorĂ© de baisers l’adorable amante dont je venais, devant trois inspecteurs, de nier l’existence en me composant le visage le plus ahuri et naĂŻf dont je suis capable. Ah! La transgression, il n’y a que ça ! » LPY, 93 Vanessa Springora nous apprend assez vite que G. » instrumentalise sa vie LC, 146 et conçoit la rĂ©alitĂ© [comme ce qui] se modĂšle sur la fiction » LPY, 302. Leur relation est dĂšs le dĂ©part instrumentalisĂ©e pour ĂȘtre enfermĂ©e dans un espace littĂ©raire qui phagocyte » la pleine conscience et subjectivitĂ© d’une adolescente. EmprisonnĂ©e par avance dans la fiction » LPY, 97, Vanessa Springora subira une dĂ©possession progressive qui commencera par la normalisation d’un interdit. Gabriel Matzneff sait pertinemment qu’il commet un crime en entretenant une relation avec une adolescente de moins de quinze ans toute relation amoureuse avec un enfant de moins de quinze ans est tenue pour violence, pour un crime, puisque, selon le droit français, un mineur de cet Ăąge est privĂ© de consentement ». Cependant cette monstruositĂ© juridique ne me fait pas peur [
] Nous en avons parlĂ©, Vanessa et moi. Elle aussi, elle est prĂȘte Ă  se battre » LPY, 44. Cet interdit est sans cesse rĂ©pĂ©tĂ© Ă  "V.", tout en Ă©tant justifiĂ© par quelques rĂ©fĂ©rences antiques ou par de grands noms de la littĂ©rature ayant eu le mĂȘme genre de relation » LC, 59-61. Il n’hĂ©site par ailleurs pas Ă  se comparer aux mythes constitutifs du gĂ©nie occidental [-] PromĂ©thĂ©e, Tristan, Don Juan, Faust » LPY, 114 - ou Ă  se croire au-dessus de Sartre qui aurait participĂ© Ă  des manifestations dans l’espoir de se faire arrĂȘter, [alors que lui n’a ] jamais eu d'effort Ă  faire
 » LPY, 234 Cette prĂ©dation s’accompagne, nous le disions plus haut, d’une rhĂ©torique propĂ©dophile qui vise Ă  lĂ©gitimer le caractĂšre transgressif de cette relation, censĂ©e permettre Ă  l’enfant d’accĂ©der Ă  l’épanouissement, l’élĂ©vation et la jouissance de leurs dĂ©sirs en les libĂ©rant de toutes les rĂ©pressions de la sociĂ©tĂ© J’aime Vanessa, son extrĂȘme jeunesse, sa beautĂ©, le plaisir qu'elle me donne. J'aime aussi son amour fou pour moi. J'aime la transgression qu'elle incarne. J’aime la rendre heureuse. J’aime contribuer Ă  son Ă©closion intellectuelle et spirituelle. Je suis fier d’ĂȘtre son amant, son Ă©crivain prĂ©fĂ©rĂ©, son compagnon. » LPY, 282 De plus, il Ă©nonce ouvertement vouloir donner une vision Ă©purĂ©e, idĂ©ale [et] mensongĂšre » LPY, 50 de sa personne Ă  ses amantes dans le but de les rendre heureuses », alors qu’il s’agit tout simplement d’une manipulation. Entendons par lĂ  que leur jalousie, leur crise d’hystĂ©rie » ou toute autre forme de rejet de ce qui conviendrait Ă  Matzneff les transformerait en ratiocineuse, en fĂ©ministe ou tout simplement en femme sa jalousie m’épuise, son fĂ©minisme m’emmerde, son cĂŽtĂ© ratiocineuse m’exaspĂšre. Si elle avait vingt ans, j’aurai rompu depuis longtemps. Elle en a quinze, je tiens le coup ; mais je dois ĂȘtre continuellement sur mes gardes » 16. Tout n’est que fiction ; ou du moins, la rĂ©alitĂ© est entiĂšrement destinĂ©e au rĂ©cit littĂ©raire et mĂȘme par avance façonnĂ©e par lui » 17. Matzneff incite en premier lieu ses victimes Ă  inscrire scripturalement leur consentement » sur des lettres souvent destinĂ©es Ă  un usage littĂ©raire ». Ces Ă©changes Ă©pistolaires constituent Ă  la fois un alibi et un contenu pour alimenter ses romans et ses journaux intimes. Dans La prunelle de mes yeux, nombreux sont les passages oĂč il est clairement indiquĂ© que certaines lettres de sa ravissante Ă©coliĂšre de quatorze ans », seront incorporĂ©es dans son roman expliquer Ă  Vanessa qu’elle sera prĂ©sente Ă  chaque page de mon roman, que Harrison Plaza sera notre histoire, notre amour et qu’elle doit m’aider Ă  Ă©crire ce livre, m’y encourager » LPY, 172. G. l’amoureux des adolescents se double de l’écrivain, l’autoritĂ©, l’emprise psychologique dont il jouit suffisent Ă  conduire sa nymphette du moment Ă  affirmer par Ă©crit qu’elle est comblĂ©e. [
] [L]’adolescente se donne alors pour mission de rassurer G. sur le plaisir qu’il lui donne, de sorte qu’en cas de descente de police, son consentement ne fait aucun doute. LC, 91Si nous reprenons la phrase citĂ©e plus haut dans laquelle Matzneff associe Vanessa Springora Ă  l’une de ses autres victimes, Franscesca Glee, - je n’ai ni humainement ni littĂ©rairement besoin d’une nouvelle Angiolina-Diabolina » -, il est clair que l’écrivain enferme ses amante[s]-enfant » et leur relation dans ses ouvrages selon son propre et unique point de vue. Vanessa » ne l’aide Ă  Ă©crire son roman que dans la mesure oĂč celle-ci correspond, au moins pour un certain temps, Ă  ce qu’il en attend littĂ©rairement. Cette dĂ©possession se fait donc par et pour la littĂ©rature, telle que l’envisage Matzneff. La fiction façonne le rĂ©el, et non l’inverse. Il est Ă  ce propos intĂ©ressant de voir son journal s’ouvrir sur un extrait de son roman Harrison Plaza et se finir avec la phrase suivante ce roman aurait dĂ» ĂȘtre le couronnement de notre amour. Il en Ă©tait le mausolĂ©e » LPY, 339 . Le rĂ©el est d’avance prise au piĂšge par les dĂ©sirs Ă©goĂŻstes d’un Ă©crivain lui-mĂȘme condamner Ă  la prison des mots, la prison de papier dont [il] ne pourrai[t] [s]’évader » LPY, 79. Sa vie, autant que celle de ses victimes, est un rĂ©cit qu’il est le seul Ă  pouvoir contrĂŽler, puisqu’elles sont nĂ©cessairement destinĂ©es Ă  ĂȘtre figĂ©es dans ses oeuvres, sans que ces derniĂšres aient leur mot Ă  dire [
] G. ne s’intĂ©ressera Ă  mon journal, ne m’encouragera pas Ă  Ă©crire, ne m’incitera Ă  trouver ma voie. L’écrivain, c'est lui. » LC, 84 Un monde immuable oĂč la rĂ©pĂ©tition, les idĂ©es fixes, la persistance des sentiments, voire des ressentiments, et de son ĂȘtre ne permettent aucun autre changement que celui qu’accorde Matzneff lui-mĂȘme. Il contrĂŽle tous les aspects de [leur] existence » LC, 119. Lorsque ses enfants chĂ©ries » cessent d’ĂȘtre sous l’emprise de ce systĂšme ou qu’elles fuient ce monde-selon-Matzneff », lorsqu’une personnalitĂ© naissante tente de s’affirmer » 18, elles ne tarderont pas Ă  ĂȘtre incriminĂ©es d’avoir instaurĂ©es ce sentiment cyanure qui tue et dĂ©vore l’objet de [leur] amour. » Matzneff n’hĂ©site pas Ă  se reprĂ©senter comme la victime d’amantes hystĂ©riques qui n’ont absolument pas conscience de la beautĂ© de [leur] amour » LPY, 338. Aussi, il refuse catĂ©goriquement d’ĂȘtre confrontĂ© Ă  la rĂ©alitĂ© selon elle [ la mĂšre de Marie-Elisabeth, une autre victime de Matzneff ], cet amour, adolescente, avec un homme tel que moi l’aurait perturbĂ©e ». Ce n’est pas en aimant Marie-Elisabeth que je l’ai perturbĂ©e », chĂšre madame, mais en m’éloignant d’elle, huit ans plus tard. Une fois de plus, la mĂšre a tout faux. » LPY, 237 En figeant ses relations dans ses oeuvres, en sĂ©lectionnant les lettres de ses amantes ou en dĂ©formant la rĂ©alitĂ©, Gabriel Matzneff dĂ©sire lutter contre le passage du temps et l’oubli. Il fait d'ailleurs preuve d’une incomprĂ©hension maladive de l’oubli de la part de ses anciennes amantes au sujet de leur relation j’ai le coeur outrĂ© de rage. Si atroces que soient les phrases que j’ai Ă©crites sur l’aptitude des femmes Ă  gratter le passĂ©, Ă  tourner la page, elles sont encore au-dessous de la rĂ©alitĂ©. » 19 Que ce soit le dĂ©but ou la fin d’une relation, il la tourne toujours Ă  son avantage grĂące Ă  la littĂ©rature et Ă  sa notoriĂ©tĂ© qui lui permettront, jusqu’à la publication de Vanessa Springora, d’assoir son pouvoir d’écrire l’autre selon ses propres critĂšres vous pouvez tourner la page ; mais la page tournĂ©e demeure une page Ă©crite, et Ă©crite pour l’éternitĂ©. » LPY, 268 Ce pouvoir asymĂ©trique, coercitif et littĂ©raire, cette dĂ©possession de soi et fictionnalisation de l’ĂȘtre, Vanessa Springora en donnera une autre tournure pour ses lecteurs, ce ne sont que des mots, de la littĂ©rature. Pour moi, c’est le dĂ©but d’un effondrement. » LC, 135 Il aura fallu plusieurs dĂ©cennies Ă  cette adolescente, devenue Ă©ditrice, pour faire entendre sa version de sa relation avec Gabriel Matzneff. Prendre le chasseur Ă  son propre piĂšge » LC, 10 en l’enfermant dans un livre, c’est retrouver sa subjectivitĂ© et son histoire en prenant le pas sur la fiction dans laquelle l’écrivain l’avait enfermĂ©e dans ce journal, il a transformĂ© notre histoire en fiction parfaite [
], fiction Ă©crite, mais jamais vĂ©cue » LC, 168. La force du Consentement est d’instituer un point de vue jusqu’alors niĂ©, en dĂ©voilant les rouages d’une prĂ©dation et d’une domination perverses et destructrices d’un Ă©crivain, usant de sa relative notoriĂ©tĂ© pour assouvir son dĂ©sir d’écrire et de jouir. La notion de consentement » est donc interrogĂ©e du point de vue de la victime et nous offre la possibilitĂ© de comprendre l’importance d’une telle publication.[
] [C]omment admettre qu’on a Ă©tĂ© abusĂ©, quand on ne peut nier avoir Ă©tĂ© consentant ? Quand en l’occurence, on a ressenti du dĂ©sir pour cet adulte qui s’est empressĂ© d’en profiter ? À plusieurs reprises, nous avons implicitement montrĂ© que la notion de consentement ne pouvait ĂȘtre prise en son sens le plus commun. Rappelons que les faits sont dĂ©sormais prescrits, puisqu’ils remontent Ă  plus de trente ans. Si le droit ne peut plus reconnaitre ce tort, est-ce que la littĂ©rature peut alors apporter une rĂ©paration ? En quoi peut-elle accueillir de telles souffrances ? Est-elle lĂ©gitime Ă  se prononcer sur - et Ă  Ă©difier - des statuts normalement Ă©tablis juridiquement ? Qu’apporte-t-elle de plus ? Si nous reprenons la grammaire du consentement », exposĂ©e par JĂ©rĂŽme David, lors du sĂ©minaire d’automne 2020, Vertiges du consentement », nous nous apercevons que Vanessa Springora Ă©tait consentante, mais selon des modalitĂ©s bien spĂ©cifiques qui n’enlĂšvent rien au caractĂšre criminel de Gabriel Matzneff. Quand plus tard, des thĂ©rapeutes en tout genre s’échineront Ă  m’expliquer que j’ai Ă©tĂ© victime d’un prĂ©dateur sexuel [
] il me semblera que ce n'est pas non plus la voie du milieu ». Que ce n’est pas tout Ă  fait juste. Je n’en ai pas encore fini avec l’ambivalence. LC, 113 Cette ambivalence » ne peut pas ĂȘtre prise en charge par le droit, mais bien par la littĂ©rature. Le traumatisme subi par Vanessa Springora lui a demandĂ© plusieurs annĂ©es pour le penser, l’apprivoiser et le mettre en mots. Il lui aura Ă©galement fallu du courage pour affronter les Ă©ventuelles rĂ©actions d’ anciens soixante-huitards », de la part de[s] admirateurs [de Matzneff] », de tous les pourfendeurs du retour de l’ordre moral » LC, 202, etc. Ce temps n’est pas admis par le droit qui aurait par ailleurs pu ne pas la reconnaĂźtre comme victime, si prescription il n’ y avait pas eu. La littĂ©rature offre une possibilitĂ© idĂ©ale pour reconnaitre et entendre la voix d’une victime. C’est bien ce terme qui est dĂ©sormais reconnu, car en publiant ce livre, la littĂ©rature permet Ă  son auteure de se considĂ©rer et d’ĂȘtre considĂ©rĂ©e en tant que telle. La littĂ©rature devient le lieu d’un retour sur soi et d'une recomposition de soi. Le geste hermĂ©neutique employĂ© par Vanessa Springora Ă  travers l’écriture donne accĂšs Ă  une mĂ©moration d’expĂ©riences qui n’ont pas pu donner lieu Ă  des reprĂ©sentations ou Ă  des contenus conscientisĂ©s par une adolescente de quatorze ans. Nous l’avons vu ce Ă  quoi consent V. » est ambivalent, et fait l’objet d’un malentendu. Ce que Gabriel Matzneff propose peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© autrement par une adolescente qui n’a certainement pas les ressources suffisantes pour dĂ©jouer les rĂ©elles intentions du pĂ©docriminel. Si le je » narrĂ© -l’adolescente de quatorze ans - est incapable de mesurer a priori, comme a posteriori, les consĂ©quences de ses actes - ou plutĂŽt ceux auxquels Matzneff pousse l’adolescente Ă  consentir -, il est Ă©galement incapable de refuser les avances de Matzneff, jusqu’à ce qu’il se rende compte des mĂ©canismes de prĂ©dation dans lesquels il se retrouvait piĂ©gĂ©. Le je » narrant a dĂ©sormais conscience des effets de cette prĂ©dation sur le corps du je » narrĂ©. Le rhumatisme articulaire aigu [ de V. ], dĂ» Ă  une infection par un streptocoque » LC, 68 a Ă©tĂ© interprĂ©tĂ© par Vanessa comme le signe d’une rĂ©ticence aux demandes sexuelles de Gabriel Matzneff. Notons d’ailleurs qu’il indique dans son journal l’avis d’un mĂ©decin qui allait dans ce sens Quel con ce psy ! La maladie de Vanessa est soit inflammatoire, soit infectieuse, mais assurĂ©ment ni hystĂ©rique ni psychosomatique ! DĂ©jĂ , par tempĂ©rament, je n’ai jamais Ă©tĂ© un paroissien du docteur Freud, mais cette connerie perfide oui, perfide, car elle sous-entend que c’est le perturbateur Matzneff qui est responsable de la pĂ©riarthrite de Vanessa achĂšve de me dĂ©gouter des pĂątisseries viennoises. » LPY, 76 Ce dernier fait preuve d’un dĂ©ni total et d’un aveuglement Ă©goĂŻste quant aux dĂ©sirs et rĂ©ticences - parfois clairement exprimĂ©s - de ses [ Vanessa ] n’avait plus ses rĂšgles depuis hier soir, mais, alors que j’étais en position de la dĂ©virginiser par la voie vulgaire, elle s’est redressĂ©e avec un petit cri et m’a lancĂ©e - Demain, s’il te plait. - Pourquoi demain ? - Parce que je ne me suis pas prĂ©parĂ©e psychologiquement. Une fois de plus donc, je l’ai baisĂ©e comme un petit garçon, mon adorable petite vierge. LPY, 95 Gabriel Matzneff va inculquer Ă  Vanessa » une culture trĂšs orientĂ©e, libertine et asociale. Les stratĂ©gies qu’il met en place - en partie abordĂ©es ci-dessus - visent Ă  pousser l’adolescente et l’ensemble de ses victimes Ă  consentir aux sĂ©vices qu’elles subissent. Si l’adolescente Ă©tait effectivement consentante, nous avons voulu montrer qu’elle ne l’était pas de maniĂšre libre ni de façon entiĂšrement Ă©clairĂ©e, car elle s’est retrouvĂ©e formĂ©e et enfermĂ©e par et dans le monde d’un Ă©phĂ©bophile » LC, 198 Ă©gotique et dominateur. Le roman autobiographique de Vanessa Springora permet ainsi d’exprimer et de donner un contenu Ă  une expĂ©rience, une souffrance et un traumatisme qui attendait d’ĂȘtre rĂŽle de bienfaiteur qu’aime Ă  se donner G. dans ses livres consiste en une initiation des jeunes personnes aux joies du sexe par un professionnel, un spĂ©cialiste Ă©mĂ©rite, bref osons le mot, par un expert. En rĂ©alitĂ©, cet exceptionnel talent se borne Ă  ne pas faire souffrir sa partenaire. Et lorsqu’il n’y [163] a ni souffrance ni contrainte, c’est bien connu, il n’y a pas viol. Toute la difficultĂ© de l’entreprise consiste Ă  respecter cette rĂšgle d’or, sans jamais y dĂ©roger. Une violence physique laisse un souvenir contre lequel se rĂ©volter. C’est atroce, mais solide. L’abus sexuel, au contraire, se prĂ©sente de façon insidieuse et dĂ©tournĂ©e, sans qu’on en ait clairement conscience. LC, 162-163 Vanessa springora Pour conclure, nous aimerions tirer les consĂ©quences littĂ©raires, politiques et morales de cette affaire Matzneff », et plus prĂ©cisĂ©ment de l’analyse que nous avons proposĂ©e de ces deux oeuvres. Avec l’écriture et la publication du Consentement, Vanessa Springora a pu redevenir le sujet de [sa] propre histoire » LC, 202 tout en exerçant une certaine forme d’agentivitĂ©, entendue comme la capacitĂ© d’agir de façon autonome, d’influer sur la construction de sa propre subjectivitĂ© et sur sa place et sa reprĂ©sentation dans l’ordre social » 20. L’écriture du Consentement est une Ă©criture qui agit et qui accomplit certains actes. Que ce soit pour sonder et interprĂ©ter l’expĂ©rience du trauma, instituer le point de vue d’une victime jusqu’alors mis de cĂŽtĂ©, voire totalement niĂ©, ou pallier aux impossibles rĂ©paration et reconnaissance du droit par la littĂ©rature, Vanessa Springora met en place une Ă©criture dotĂ©e d’une dimension performative qui se dĂ©ploie sur le plan Ă©thique. » 21 Pour mieux se replacer dans l’état d’esprit de l’adolescente qu’elle Ă©tait, l’auteure choisit d’utiliser le prĂ©sent de narration et la premiĂšre personne du singulier. Ce choix Ă©nonciatif permet d’ancrer le texte dans le temps de l’interprĂ©tation, de l’écriture et du vĂ©cu. Le je » narrant intervient Ă  la fois dans le processus d’écriture et dans le geste hermĂ©neutique qui permet de faire retour sur l’expĂ©rience du je » narrĂ©. Le prĂ©sent de narration vient ajouter une vĂ©ritĂ© non prise en compte dans les oeuvres de Gabriel Matzneff, interprĂ©ter et actualiser un temps de la souffrance qu’il s’agit d’inscrire dans un livre, afin d’engager le lecteur a prendre position et Ă  reconnaitre les crimes d’un pĂ©docriminel et le statut de victime de l’auteure. De plus, l’emploi du je » permet d’emmener le lecteur au plus proche du vĂ©cu. Soutenu par une Ă©criture sobre - une Ă©criture plate » -, il semble y avoir un projet littĂ©raire visant prĂ©cisĂ©ment Ă  ne pas se cacher derriĂšre une certaine fonction esthĂ©tique de la littĂ©rature, avec laquelle Matzneff et ses partisans se sont protĂ©gĂ©s. Cet ethos dĂ©mocratique vise sans nul doute Ă  rouvrir une zone de partage - inexistante chez Matzneff - dans laquelle le lecteur pourrait partager l’expĂ©rience de l’auteure. Sans ĂȘtre complĂštement un je » transpersonnel au sens ernausien, le je » narrĂ© de Vanessa Springora dĂ©tient une valeur collective qui dĂ©passe la singularitĂ© de l’expĂ©rience pour donner la possibilitĂ© aux lecteurs de s’approprier le texte, de se poser des questions ou de se libĂ©rer » 22, mais aussi de dĂ©voiler des vĂ©ritĂ©s qui ne sont simplement pas de l’ordre individuel. La traduction de l’expĂ©rience personnelle dans un langage romanesque transforme peu ou prou le moi » singulier en hĂ©ros, en type, en symbole, en mĂ©taphore. » 23 À ce titre, l’usage des initiales G. » ou V. », pour dĂ©signer le prĂ©dateur et sa victime, est rĂ©parateur d’un usage excessif des noms et de l’omniprĂ©sence des adolescentes dans l’oeuvre de Matzneff. Cet anonymat - Ă  demi voilĂ© - donne une forme objective et gĂ©nĂ©ralisable Ă  cette expĂ©rience individuelle. Dans le Consentement, il est d’ailleurs possible de voir l’émergence d’un nous » en devenir. Lorsque Vanessa Springora rencontre une autre victime de Gabriel Matzneff, Nathalie », elles partagent le souvenir douloureux » LC, 197 de leurs expĂ©riences avec l’ qui nous lie, nous rapproche, au fond ? Un besoin dĂ©bordant de nous confier Ă  quelqu’un qui puisse nous comprendre. Et cela me soulage, en effet, moi aussi, de me dĂ©couvrir solidaire d’une fille qui, quelques annĂ©es auparavant, n’aurait Ă©tĂ© qu’une rivale parmi tant d’autres. LC, 197 Comment s’en sortent [
] toutes ces filles qu’il Ă©crit dans ses livres ? Quelqu’un a-t-il pensĂ© Ă  elles ? » LC, 109 D’une certaine façon, Vanessa Springora devient la voix de toutes ces victimes. Comme le prĂ©cise HĂ©lĂšne Merlin Kajman, le Consentement vient dĂ©livrer la narratrice - et l’ensemble des victimes de Matzneff - sur le mĂȘme terrain [
] oĂč elle avait Ă©tĂ© emprisonnĂ©e. » 24 Rappelons qu’en 2004, Francesca Glee, ancienne victime de Gabriel Matzneff, qui a par ailleurs figĂ© leur relation dans son roman Ivre du vin perdu, et son journal Passion Francesca, avait tentĂ© de faire entendre son point de vue sur sa relation avec l’écrivain. Fort d’un rĂ©seau d’amis et de soutiens occupants des siĂšges importants dans plusieurs maisons d’édition, Gabriel Matzneff n’a pas eu Ă  se soucier de la sortie d’un tel ouvrage, puisqu’aucune d’entre elles n’a acceptĂ© de le publier. Deux Ă©ditrices de Grasset et Bayard ont pourtant Ă©tĂ© Ă©mues par son tĂ©moignage, mais soit le monde n’était pas prĂšs » Ă  le recevoir, apparaissant quinze ans trop tĂŽt », soit des membres du comitĂ© de l’une de ses maisons d’édition Ă©taient des proches de Matzneff 25. Sans nul doute, l’ùre de Metoo a facilitĂ© la publication salvatrice du Consentement qui dĂ©ploie de façon littĂ©raire, un tort littĂ©raire, le tort causĂ© par la reconnaissance publique de l’oeuvre de Matzneff. Il s’agit d’un diffĂ©rend, et le diffĂ©rend ne se rĂšgle pas sur un mĂȘme » terrain, il ne se rĂšgle pas du tout ailleurs il requiert qu’on lui trouve un idiome, nous dit Lyotard. » 26 Contrairement Ă  Gabriel Matzneff, Vanessa Springora rĂ©instaure une fonction essentielle de la littĂ©rature au lieu de la manipulation du lecteur, et sa soumission Ă  la rĂ©alitĂ©, le Consentement remet en place la reprĂ©sentation, le mouvement d’identification-dĂ©sidentification » 27 et l’espace transitionnel de la littĂ©rature. Cette publication permet donc de rĂ©orienter la lecture des textes de Matzneff et d’ouvrir nos rĂ©flexions sur de multiples notions telles que le consentement, le pouvoir, la prĂ©dation ou la littĂ©rature. Il nous invite Ă©galement Ă  Ă©largir nos reprĂ©sentations et Ă  lutter contre l’idĂ©e que la littĂ©rature est faite pour ĂȘtre prise Ă  la lettre ». 28Notes 1 MATZNEFF, Gabriel, La Prunelle de mes yeux LPY, Paris, ed. Gallimard, 1993.2 SPRINGORA, Vanessa, Le Consentement LC, Paris, ed. Grasset, 2020.3 VERDRAGER, Pierre, L’enfant interdit comment la pĂ©dophilie est devenue scandaleuse, Paris, ed. Armand Colin, 2020, pp. 69-106.4 WAJEMAN, Lise, Pourquoi Mazneff a Ă©tĂ© si mal lu », Mediapart, article publiĂ© le 12 fĂ©vrier 2020. URL [ consultĂ© le 10 dĂ©cembre 2020 ]5 VERDRAGER, Pierre, p. 99.6 Ibid, p. 106.7 MERLIN-KAJMAN, HĂ©lĂšne, La LittĂ©rature Ă  l’heure de Metoo, Paris, ed. Ithaque, coll. Theoria incognita, 2020.8 VAUDRAGER, Pierre, op. cit., p. 69.9 MERLIN-KAJMAN, HĂ©lĂšne, La LittĂ©rature Ă  l’heure de Metoo, p. 102.10 L’insertion de lettres Ă©crites par ses amantes dans ses romans en est le meilleur exemple J’ai incorporĂ© le texte intĂ©gral de cette lettre au chapitre IX de Harrison Plaza », La Prunelle de mes yeux, p. 100.11 Lire Matzneff », lundimatin, article publiĂ© le 13 avril 2020. URL MERLIN-KAJMAN, HĂ©lĂšne, op. cit., p. 97.13 Lire Matzneff », op. cit. .14 ConquĂ©rir Vanessa ? J’en ai terriblement envie, mais c’est presque sans espoir », La prunelle de mes yeux, p. 15.15 MERLIN-KAJMAN, HĂ©lĂšne, op. cit., p. 123.16 MATZNEFF, Gabriel, op. cit., p. 285. Propos concernant Vanessa » Ă  la fin de leur relation. 17 MERLIN KAJMAN, HĂ©lĂšne, p. 97.18 Lire Matzneff », op. cit., URL 19 MATZNEFF, Gabriel, op. cit,, p. 145 - Ajoutons Ă©galement ceci J’ai achetĂ© des classeurs suspendus pour l’armoire de fer, et j’ai commencĂ© Ă  y ranger les lettres de mes ex-amantes. Chacune d’elles aura son classeur et une Ă©tiquette portant son nom », p. 64.20 FORT, Pierre-Louis, HOUDART-MEROT, Violaine, Annie Ernaux Un engagement d’écriture, Paris, ed. Presses Sorbonne Nouvelle, 2015, p. 81.21 Ibid, p. 88.22 ERNAUX, Annie, L’écriture comme un couteau, Paris, ed. Gallimard, 2011, p. 74.23 GASPARINI, Philippe, Est-il je ?, Paris, ed. Seuil, 2004, p. 336.24 MERLIN KAJMAN, HĂ©lĂšne, op. cit., p. 135.25 DaphnĂ© AnglĂšs et Constant MĂ©heut, Longtemps contrainte au silence, la victime d’un Ă©crivain pĂ©dophile tĂ©moigne enfin », The New York Times, article publiĂ© le 31 mars 2020. URL 26 MERLIN KAJMAN, HĂ©lĂšne, op. cit., p. 135.27 Ibid, p. 160.28 Ibid, p. 16. PubliĂ© le 15 septembre 2014 par isa Avez-vous des propositions de chansons pour faire silence ? envoyĂ©e par Vihyko TĂ©lĂ©charger 1,2,3 chez GĂ©raldine TĂ©lĂ©charger Comptine pourfaire silence 1 chez GĂ©raldine Pour ĂȘtre informĂ© des derniers articles, inscrivez vous TopChrĂ©tien TopMusic Chant Avec Sans Accords Je lĂšve les yeux vers ToiComme la nuit attend le jourViens et rĂ©ponds-moiJ’espĂšre en Ton secoursJe lĂšve les yeux vers ToiComme la terre espĂšre la pluieJ’ai tant besoin de T oiDĂ©verse en moi Ta vie Parle-moi, SeigneurEt perce le silenceRĂ©vĂšle-moi Ton coeurTouche-moi, SeigneurEt serre-moi dans Tes brasJe soupire aprĂšs Toi Trouve-moi, SeigneurNe cache pas Ta faceJe suis Ton serviteurSouviens-toi, SeigneurC’est Ton nom que je porteEn moi, Ta joie demeure En ce lieu, en cet instantEn ce lieu, montre-moi Ton visage E B/D Je lĂšve les yeux vers T oi E B/D Comme la nuit attend le j our E B/D Viens et rĂ©ponds-m oi E Gm F J’espĂšre en Ton sec ours E B/D Je lĂšve les yeux vers T oi E B/D Comme la terre espĂšre la plu ie E B/D J’ai tant besoin de T oi E Gm F DĂ©verse en moi Ta v ie E B/D Parle-moi, Seigne ur E B/D Gm RĂ©vĂšle-moi Ton co eur E B/D Touche-moi, Seigne ur Gm Et serre-moi dans Tes bras E Gm F Je soupire aprĂšs T oi E B/D Trouve-moi, Seign eur E B/D Gm Je suis Ton servite ur E B/D Souviens-toi, Seign eur Gm C’est Ton nom que je porte E Gm F En moi, Ta joie demeu re E B/D En ce lieu, en cet instant E B/D En ce lieu , montre-moi Ton visage Note importante Ces fichiers sont Ă  utiliser uniquement dans le cadre privĂ©. 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